Facebook réduit son trafic vers les sites d’information

Le référencement de Facebook vers les sites web de nombreux éditeurs de presse a chuté de 50 % en 2023, selon un récent rapport de Chartbeat et SimilarWeb. Cette baisse spectaculaire illustre la volonté de Meta, maison mère de Facebook, de se concentrer davantage sur le divertissement que sur l’actualité.

Facebook privilégie le divertissement au détriment de la politique et des polémiques

Le rapport, portant sur le trafic de 792 sites d’information suivis par Chartbeat depuis 2018, révèle qu’en mars 2024, Facebook ne générait plus qu’un quart des visites réalisées en mars 2018, passant de 30 % à 7 %. Au total, les visites ont diminué de 58 % en six ans, de 1,3 milliard à 651 millions, et cette tendance ne semble pas près de s’inverser.

Ces chiffres impressionnants sont en réalité le résultat d’une stratégie de Meta visant à se détourner de l’actualité. Facebook News, lancé en 2022 en France pour centraliser l’actualité sur la plateforme, a été abandonné dès 2023 dans plusieurs pays, dont la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Australie et les États-Unis. Meta préfère désormais axer ses efforts sur le divertissement pour mieux rivaliser avec TikTok.

À l’été 2023, Facebook Watch, l’onglet vidéo de l’application, a subi une refonte totale. Meta a également annoncé en avril que toutes les vidéos seraient désormais affichées par défaut en mode vertical, suivant les tendances impulsées par TikTok.

La réduction du contenu d’actualité sur Facebook est aussi une réponse aux critiques sur la désinformation et aux pressions des régulateurs. Des polémiques récurrentes, notamment durant la pandémie de Covid-19, les élections présidentielles, ou les émeutes du Capitole en 2021, ont poussé Meta à réduire les contenus politiques et d’actualité.

Une stratégie qui a des conséquences négatives pour la presse

Dans plusieurs pays, Meta a menacé de bloquer le partage de contenus journalistiques en réaction à des lois l’obligeant à rémunérer les médias pour leurs contenus. En 2024, l’objectif de Meta est moins l’engagement que le temps passé par les utilisateurs sur ses plateformes.

Si cette orientation réduit la désinformation, elle impacte gravement les éditeurs de presse. Par exemple, en 2023, près d’un quart des adultes américains s’informait quotidiennement via Facebook. Au Royaume-Uni, Reach, plus grand éditeur de presse, a vu le nombre de pages vues baisser d’un tiers au cours des trois premiers mois de 2024, avec une baisse de 14,5 % des revenus numériques sur les quatre premiers mois de 2023.

Le cas de BuzzFeed illustre cette dépendance aux réseaux sociaux : en avril 2020, 76 % de ses références sociales provenaient de Facebook, chiffre tombé à 34 % en avril dernier. Pour le média britannique The Sun, les références sociales venant de Facebook sont passées de 75 % en avril 2020 à 25 % en avril 2023.

Pour Meta, le divertissement est désormais la clé pour augmenter l’engagement et la rétention des utilisateurs, sans les polémiques liées à l’actualité. Sa nouvelle stratégie basée sur les vidéos courtes et les algorithmes semble porter ses fruits, comme en témoigne le développement jugé satisfaisant de Threads.